Le réseau concrètement : Ensemble contre la violence domestique

Il y a quelques mois, le service d’aide aux victimes des deux Bâle a été appelé dans un établissement médical pour une consultation destinée aux victimes. Une femme de plus de quatre-vingts ans a été touchée. Elle était blessée et a dit qu’elle était tombée, que cela pouvait arriver à son âge. Après une distance initiale, la patiente s’est ouverte au cours de l’entretien. En sanglotant et accompagnée de beaucoup de honte, elle a raconté sa vie de couple, marquée depuis 60 ans par la violence domestique : coups, humiliations et autres formes de violence psychologique. Elle a parlé de sa peur, de son impuissance, de ses trois enfants qui ont tout vécu. Sa colère était également palpable à l’égard de ses proches et de ses connaissances qui étaient au courant, mais n’ont rien fait. En larmes, elle a fait savoir qu’elle ne voulait plus jamais revoir toutes ces personnes.

Après le premier entretien, la femme concernée a refusé toute autre aide et est retournée chez son mari. En apparence, elle était forte et ne montrait aucune émotion. La carapace qu’elle avait développée pendant plus de 60 ans lui offrait une protection. Après tout ce temps, elle ne pouvait pas commencer une nouvelle vie. Nos spécialistes ont dû l’accepter.

Cette histoire laisse beaucoup de questions en suspens. Pourquoi la famille et l’entourage ont-ils toléré cette situation ? Les services officiels auraient-ils eu la possibilité de proposer leur aide plus tôt ? Et que faut-il pour que de tels cas ne se reproduisent pas ?

Convention d’Istanbul
Les instruments pour lutter contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique ne manquent pas. Depuis 2018, la Convention d’Istanbul, l’accord international le plus complet visant à lutter contre cette forme de violation des droits humains, est en vigueur en Suisse. La Confédération et les cantons ont le devoir d’être actifs dans la prévention de la violence, la protection des victimes et la poursuite pénale, et de coordonner leurs mesures.

Comment la convention est-elle mise en œuvre ?
Quelles sont les expériences de nos partenaires de réseau dans la mise en œuvre de la Convention d’Istanbul ? Où y a-t-il des progrès et où faut-il agir ? Alexa Ferel, directrice du service d’intervention contre la violence domestique de Bâle-Campagne, fournit des réponses à ces questions. Cliquez ici pour accéder à l’interview : Qu’apporte la Convention d’Istanbul ?

Et Sonja Roest, responsable du département « Protection contre la violence et aide aux victimes », explique comment la protection contre la violence et le soutien aux personnes concernées s’améliorent en permanence à Bâle-Ville, notamment grâce à la gestion des menaces qui sera lancée en mars 2023. Cliquez ici pour accéder au texte : « Protection contre la violence et aide aux victimes » : nouveau nom et nouvelles tâches

Que peut faire concrètement la Convention d’Istanbul ?

Quiconque a été confronté à un cas concret de violence domestique qui dure depuis des décennies se demande si la Convention d’Istanbul peut empêcher de telles souffrances. Alexa Ferel, du service d’intervention contre la violence domestique de Bâle-Campagne, classe les choses.

Madame Ferel, la Convention d’Istanbul permettrait-elle de mieux prévenir des cas comme celui de cette femme de 80 ans ?

Alexa Ferel : Oui. Si nous travaillons en réseau, nous pouvons mieux protéger les victimes de violence et leurs enfants. La longue histoire de violence de cette femme de 80 ans est bien sûr très préoccupante. Tout particulièrement si nous nous rappelons que les trois enfants, témoins de la violence, ont dû grandir dans un environnement de peur et de terreur et que cette violence a également laissé des traces chez les enfants.

Aujourd’hui encore, il peut arriver que les personnes concernées se taisent par honte ou que l’entourage détourne le regard par excès de sollicitation. Mais je suppose que la société dans son ensemble est désormais mieux sensibilisée et plus à même de regarder et d’offrir son soutien. Mais pour cela, il faut toujours du courage. Et c’est à nous, professionnels, services spécialisés et autorités, de veiller à ce que les offres de soutien soient réellement connues et disponibles.

Quelle est l’importance des hôpitaux ?

Aujourd’hui encore, les hôpitaux sont souvent les premiers lieux d’accueil des blessés. Le personnel médical y a la tâche importante de reconnaître la violence domestique, de l’aborder avec précaution et de fournir un soutien, c’est-à-dire d’agir en réseau. Il est d’autant plus important que les personnes concernées et leur entourage sachent où trouver de l’aide et qu’ils osent parler de la violence.

La violence domestique est encore taboue. Que peut-on faire pour y remédier ?

Nous devons certainement continuer à lever le tabou sur la violence domestique. Et nous devons toujours montrer qu’il existe une aide pour les personnes concernées. Que les personnes concernées – ou les voisins et les membres de la famille – puissent appeler la police. Qu’il existe un soutien en matière d’aide aux victimes et d’abris. De plus, nous devons vraiment être aux côtés des personnes concernées. Même si la solution à une relation de violence ne réussit peut-être pas la première fois et qu’une deuxième ou troisième tentative est nécessaire. Nous devons en outre prendre davantage en compte la perspective des enfants concernés et leur apporter un soutien rapide et adapté à leur âge. Et nous devons toujours mettre l’accent sur les auteurs de violences – le travail avec les auteurs de violences en fait tout simplement partie, de préférence sous la forme d’un programme d’apprentissage structuré contre la violence domestique, comme nous le proposons depuis de nombreuses années.

Informations complémentaires

Aperçu de la Convention d’Istanbul du Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) Bureau fédéral de l’égalité entre femmes et hommes

Informations sur les programmes d’apprentissage contre la violence domestique du canton de Bâle-Campagne